Comment l'avocat de la mère de Maëlys est devenu son "confident" et son "porte-parole"

Me Fabien Rajon - Editions Archipel
"Cette affaire a percuté ma vie." L’avocat pénaliste Me Fabien Rajon a défendu la mère de la petite Maëlys, tuée par Nordahl Lelandais, lors de son procès en mai 2021. Cette affaire judiciaire a été particulièrement éprouvante pour lui tant par "son intensité, sa médiatisation et sa durée", comme il l’explique pour RMC Crime à l'occasion de la sortie de son livre, Aux côtés des victimes.
Pendant quatre ans, l’homme de loi a été aux côtés de ses clients et a dû les soutenir dans la période la plus difficile de leur vie.
"Je deviens leur confident, le dépositaire de leur souffrance et leur porte-parole", raconte-t-il dans cet ouvrage.
Sans pour autant oublier l’essence de son métier qui consiste à "défendre, conseiller et représenter ses clients devant les juridictions".

Un métier qui va au-delà d'une salle d'audience
L’affaire Maëlys a fait la une des médias dès le jour de sa disparition, le 27 août 2017. Me Fabien Rajon s'est efforcé de protéger la famille de la petite fille face à la tornade médiatique auquel elle a dû faire face. Cela a été "pour moi une sorte de baptême du feu médiatique", explique l'homme de loi.
Son rôle d’avocat s’étend bien au-delà du tribunal. Il doit notamment gérer la sécurité de ses clients lors de leurs rendez-vous, préparer avec eux leurs déclarations lors des conférences de presse ou encore les protéger de certains journalistes trop insistants. Il doit également endosser le rôle d’intermédiaire entre la Justice et ses clients:
"Il a fallu leur expliquer le rôle de chaque acteur de la procédure, ce qui était possible d’envisager et ce que la loi ne permettait pas. Faire preuve de pédagogie pendant l’instruction, avant d’entamer les assises et pouvoir les défendre devant les jurés.".

Au-delà de la dimension spectaculaire de cette affaire judiciaire, l’avocat ne doit pas perdre de vue son objectif: "D’un côté, l’avocat est engagé dans un combat, souvent exaltant, aux côtés de ses clients et y met toute son énergie, mais de l'autre, il faut savoir garder le recul nécessaire pour ne pas s’emporter et garder son indépendance et son autorité pour défendre ses clients avec le maximum d’efficacité."
"Revivre les jours heureux de cette famille"
Pour être le plus juste, décrire au mieux la situation et toucher les jurés, Me Rajon n’a pas hésité à plonger dans l’intimité de cette famille au destin tragique:
"J’ai besoin de me nourrir de leur parcours, de revivre les jours heureux de cette famille et de me figurer précisément qui était Maëlys, pour mieux restituer son visage devant les jurés de la cour d’assises", raconte-t-il dans son livre.
Pour se détacher des détails de leur vie, parfois "intimes et crus", Me Fabien Rajon avoue ne pas avoir de recette miracle. "J'essaye de cloisonner ma vie privée, je fais du sport", explique-t-il simplement.
"Les hauts et les bas" du métier
S’il a décidé de se lancer dans la profession d’avocat pénaliste, c’est avant tout pour "l’adrénaline, le travail dans l’urgence, les gros enjeux pour les clients, et la médiatisation fréquente des dossiers", explique-t-il. Après un cursus universitaire orienté vers le droit privé et pénal, il prête serment en décembre 2007 et ouvre son propre cabinet en janvier 2010. Selon lui, si la rigueur et la pugnacité sont les qualités essentielles pour un avocat, elles ne font pas tout.
“La créativité me semble indispensable. Le propre d’un avocat, lorsqu’il plaide, est de savoir déceler le bon argument, qui sera de nature à emporter la conviction du juge”, explique-t-il à RMC Crime.
Après quinze années d’expérience, ce qu’il aime le plus dans son métier reste le relationnel avec ses clients. Mais il met un point d'honneur à rester humble: "Un jour, on gagne, le lendemain, on perd. Ces hauts et ces bas sont parfois usants, mais ils font le sel de ce métier", avoue-t-il.

Le livre Aux côtés des victimes de Fabien Rajon, aux éditions de l'Archipel, est disponible dès ce jeudi 25 août. Dans cet ouvrage, l'avocat évoque également la préparation du procès de l'attentat de Nice qui se tiendra en septembre.