Faites entrer l'accusé: Jacques Hyver, l'aventurier et le PDG

Le 25/12/2022 à 12:00

Ce dimanche 25 décembre, Faites entrer l'accusé ne prend pas de congé pour Noël et revient avec l'épisode consacré à l'affaire Jacques Hyver. Découvrez cet épisode ce soir, sur RMC Story.

Le samedi 28 juin 1980, vers 8 heures du matin, Michel Maury-Laribière quitte sa maison de Confolens (Charente) pour se rendre à son usine, car il a une réunion importante avec son fils, Jean-Luc. Au bout de six kilomètres de route, il aperçoit un gendarme qui lui fait signe de s'arrêter.

Jacques Hyver a kidnappé un PDG industriel pour partir en voyage

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Ne voyant pas arriver son père, Jean-Luc s'inquiète et décide de prendre sa voiture pour faire le chemin inverse emprunté par son père, persuadé qu'il a eu un accident. Au bout de quelques minutes, il tombe sur la voiture de son père garée dans un chemin de terre. "Je me suis approché de la voiture avec une certaine angoisse". Et l'inquiétude va monter d'un cran en découvrant l'intérieur du véhicule.

"J'ai vu une lettre sur le siège passager. Elle disait qu'il s'agissait d'un enlèvement et qu'une rançon de 3 millions de francs serait à remettre et qu'on ne devait pas prévenir la police", explique Jean-Luc.

La date de remise de rançon est fixée au 2 juillet.

Opération "boule de gomme"

Inquiet pour son père, Jean-Luc décide de prévenir la police et la nouvelle fait rapidement la Une des journaux télévisés. Le PDG est très important dans l'industrie française, car il dirige la société Tuileries et Briqueteries Françaises et est vice-président du Conseil national du patronat français (l'ancêtre du MEDEF). Fait rarissime, les employés de son entreprise se proposent de se cotiser pour payer la rançon. Proposition que Jean-Luc refusera.

L'équipe de police qui enquête sur l'enlèvement de l'industriel décide de s'installer au domicile de Jean-Luc pour être au plus près des informations données par le ravisseur. Et le 2 juillet, jour de la remise de rançon, les policiers lancent l'opération "boule de gomme". 600 agents ont envahi la ville et contrôlent chaque voiture qui passe.

Il faut attendre six jours pour que le ravisseur donne de ses nouvelles et appelle Jean-Luc pour lui passer son père au téléphone. Mais la connexion s'est interrompue et les policiers n'ont pas eu le temps de localiser l'appel.

Ce n'est que partie remise quelques jours plus tard. Le ravisseur donne rendez-vous à Jean-Luc pour lui remettre la rançon. Commence alors un véritable jeu de piste qui n'aboutira pas, car il a repéré que les policiers les suivaient. Finalement, c'est à Paris que Jean-Luc propose de retrouver le ravisseur de son père, ce qu'il accepte.

"Ne tirez pas, j'ai l'otage"

Pendant ce temps, les policiers reçoivent un appel d'un couple qui tient un gîte en Charente et qui l'a loué à un couple qui semblait "étrange". Les agents se rendent donc sur place et frappent à la porte.

"En ouvrant, la femme a dit 'ne tirez pas, j'ai l'otage' et donc on a compris qu'on avait toqué à la bonne adresse", explique Jacqueline Marinont, l'inspectrice principale dans cette affaire.

En fouillant le gîte, les policiers tombent sur Michel Maury-Laribière attaché à un lit. Les agents le libèrent après onze jours de captivité, sans avoir payé la rançon.

Rapidement, la femme qui a avoué cacher le PDG dénonce l'homme qui se cache derrière tout ça. Il s'agit de Jacques Hyver, 29 ans, un jeune homme de bonne famille avec qui elle entretient une relation.

Le couple voulait voyager et vivre des aventures, mais il leur fallait de l'argent. Jacques a donc eu l'idée de faire un rapt pour toucher une grosse somme d'argent. Si sa compagne hésite, elle va finir par l'aider et c'est elle qui écrit les lettres envoyées à la famille Maury-Laribière.

"Elle était très amoureuse de Jacques Hyver et sans les sentiments, elle n'aurait jamais fait ça", affirme l'inspectrice.

L'homme est activement recherché. Les policiers font le tour des discothèques du coin, car ils savent que l'homme fréquente beaucoup ce milieu, et finissent par lui tomber dessus à la sortie d'un club. Il est alors mis en examen pour l'enlèvement de Michel Maury-Laribière.