Faites entrer l'accusé: l'assassinat du juge Renaud surnommé le "shériff"
En savait-il trop? Le 3 juillet 1972, le juge d'instruction François Renaud rentre d'un dîner chez des amis avec sa compagne. Après s'être garé sur un parking, le couple rejoint son domicile lyonnais à pied. Une voiture s'arrête à leur hauteur et un homme cagoulé se met à tirer des coups de feu en leur direction.
Si le couple arrive à échapper aux premières attaques, un homme descend de la voiture et tire cinq balles à bout portant: une dans la nuque, une dans le cou et trois dans la tête. La voiture prend la fuite et la compagne du juge Renaud se précipite chez elle pour appeler les secours. Mais les blessures de François Renaud sont très graves et il décède dans l'ambulance.
"C'est une exécution"
Le gratin de la police lyonnaise se réunit au petit matin sur les lieux du crime, bien décidé à faire la lumière sur l'assassinat du magistrat qu'il connaissait bien.
"C'est une catastrophe, c'est une bombe qui a explosé sur Lyon", déclare Georges Nicolai, chef du groupe de répression du banditisme.
Pour les enquêteurs, le mobile de son assassinat est tout trouvé. Impliqué dans des affaires de grand banditisme, il se savait menacé de mort. "Le juge Renaud a été assassiné pour son activité professionnelle et dans le cadre de ces activités. C'est une exécution à la manière du milieu", affirme Pierre Richard, commissaire de la police judiciaire de Lyon au moment des faits. Il leur faut désormais un indice pour remonter la piste du tueur.
Un attentat orchestré par le Gang des Lyonnais?
Le Gang des Lyonnais, un collectif de braqueurs bien connu dans la région, est dans l'œil du viseur car c'était le dossier principal du juge Renaud. Mais, problème, au moment des faits, ils sont tous en prison. Les enquêteurs se demandent alors s'ils n'ont pas pu commanditer cet assassinat depuis leurs cellules.
Un indicateur de la police se rend rapidement au commissariat pour donner des informations sur les auteurs de cet attentat. Il explique que cinq hommes ont organisé l'assassinat du juge et notamment, un homme avec une jambe cassé. Pour les enquêteurs, cet élément fait tilt. Ils font le rapprochement avec un certain Barthélémy Vidal, le cousin d'Edmond Vidal qui n'est autre que le chef du Gang des Lyonnais et dont l'ennemi numéro était le juge Renaud. Mis à part les informations données par l'indicateur, les enquêteurs n'ont toujours aucune preuve matérielle pour pouvoir arrêter les suspects.
Vers un non-lieu
L'enquête autour de la mort du juge est au point mort. S'ils savent qui est à l'origine des faits, rien ne permet de les inculper.
"On n'a pas de preuves matérielles, donc que faire?", avoue Marcel Ailliot, commandant à la police judiciaire de Lyon.
Pendant les neuf années qui ont suivi la mort de François Renaud, cinq magistrats se sont succédés, mais aucun n'a pu s'y consacrer exclusivement. L'avocat qui défend la famille de la victime annonce soudainement dans les médias que les enquêteurs disposent de nouveaux éléments. Le lendemain, son cabinet est cambriolé.
"Tout le cabinet a été fouillé. Manifestement, les gens recherchaient quelque chose", en déduit Me Yves Bismuth.
Selon les proches du juge, François Renaud affirmait qu'il était sur une grosse affaire, peu de temps avant sa mort: le hold-up de La Poste de Strasbourg qui impliquerait des personnages politiques français. Mais rien ne permet de le vérifier. Alors le 17 septembre 1992, le juge d'instruction rend une ordonnance de non lieu. 17 ans après l'assassinat du juge Renaud, l'affaire est close et reste non élucidée.
Retrouvez l'épisode consacré au juge Renaud dimanche soir sur RMC Story puis en replay sur la plateforme RMC BFM Play.