Faites entrer l'accusé: la députée Yann Piat, une femme à abattre

Photo d'illustration - FTV
C'est un meurtre d'une élue de la République qui a choqué la France. Un soir de février 1994, une voiture arrive en trombe devant un commissariat du Var. Les deux passagers ne sont autres que Yann Piat, députée du Var de 44 ans, et son chauffeur. Tous deux sont grièvement blessés: alors que ce dernier ramenait sa cheffe chez elle, ils ont été victimes d'un guet-apens et se sont fait tirer dessus par deux personnes à moto.
Malgré les massages cardiaques et les divers soins apportés par les secours, la députée est finalement déclarée morte. Georges Arnaud, le chauffeur, lui, survit. Le décès de la députée fait les gros titres des journaux. Tout le monde semble atterré par la violence de l'acte et l'on se demande s'il s'agit d'un crime politique.
Proche de Jean-Marie Le Pen depuis son enfance, elle parle de lui comme de son parrain. Après s'être engagée en politique au Front national, elle rejoindra finalement l'UPF. Mais selon son chauffeur, la députée semblait plus anxieuse que d'habitude depuis quelque temps, avant de se faire tuer.
Des ambitions qui dérangent
Un an auparavant, en 1993, la campagne pour les élections législatives bat son plein, et Yann Piat reçoit des menaces de mort. Malgré sa victoire, on lui fait ressentir que son élection dérange.
Elle est si inquiète qu'elle écrit même une lettre à l'Assemblée nationale pour déclarer qu'au cas où elle se fait, la police doit s'intéresser à plusieurs personnalités politiques du Var, notamment Maurice Arreckx, patron du conseil général du Var et ancien maire de Toulon. Il est interpellé en mars 1994.
Son bras droit, Joseph Sercia, régulièrement accusé de clientélisme, est soupçonné d'être le commanditaire de l'assassinat. Par ailleurs, le témoin qui avait vu la moto le soir du meurtre dit reconnaître formellement l'un des sympathisants de Sercia. Mais celui-ci a un alibi, et son entourage peut confirmer qu'il ne pouvait pas être sur la moto des tueurs de Yann Piat à ce moment-là.
Des suspects et un motif
Autre indice à exploiter: la fameuse moto, retrouvée près des lieux du crime juste après l'assassinat. Il s'agit d'un véhicule volé dans une cité de Hyères. Trois mois plus tard, une jeune toxicomane est arrêtée pour un trafic de carte bleue. Ils découvrent par hasard qu'elle habite dans la cité où la moto a été volée.
Elle dit alors savoir qui est à l'origine du vol, et accuse quatre personnes: Tomassone, Gresser, Ferri et Di Caro.
Ils opèrent pour le compte de Gérard Finale, le patron d'un bar qu'ils fréquentaient tous les jours, et qui avaient pour ambition de devenir un grand patron du banditisme. Un mobile émerge alors: Yann Piat aurait pu contrarier ce plan, puisqu'elle avait déclaré ouvertement la guerre aux bandits de Hyères.
D'anciens ministres accusés à tort
En garde à vue, les exécutants finissent par avouer le meurtre de Yann Piat, mais refusent de dire le nom de leur commanditaire. Gérard Finale nie être impliqué, mais il est mis en examen et incarcéré.
Un livre écrit par deux journalistes va un temps remettre en cause ces arrestations et accuse deux personnalités politiques de premier plan: les deux anciens ministres François Léotard et Jean-Claude Gaudin. Ils auraient commandité l'assassinat de Yann Piat parce qu'elle détenait des documents confidentiels les concernant. Cependant, l'informateur des journalistes s'avère être un mythomane et la piste tombe à l'eau.
Lors du procès de Gérard Finale et de ses complices en 1998, Ferri passe à la barre et déclare une fois de plus que les autorités se trompent de commanditaire. Mais la petite amie de Di Caro finit par crever l'abcès et confirme que Finale a bien exigé à ce que Yann Piat soit tuée. Ce dernier et Ferri sont alors condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.
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