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"Elle nous manque": 26 ans après la disparition de Marion Wagon, son père témoigne

Marion Wagon, disparue le 14 novembre 1996 à Agen.

Marion Wagon, disparue le 14 novembre 1996 à Agen. - AFP

Un documentaire diffusé sur France 3 Pays de la Loire, Marion et moi, retrace l'histoire de la petite fille disparue en 1997 alors qu'elle rentrait de l'école à pied à Agen.

Vingt-six ans après, c'est un visage qui reste ancré dans les mémoires: celui de Marion Wagon, 10 ans, petite fille blonde aux yeux bleus disparue à Agen (Lot-et-Garonne) en 1996. Un documentaire réalisé par Vincent Deby et Guillaume Maury et diffusé ce jeudi soir sur France 3 Pays de la Loire, Marion et moi, revient sur cette affaire, toujours non résolue.

Parmi d'autres proches et acteurs de l'enquête, les parents de Marion Wagon évoquent les premières heures suivant la disparition et l'espoir, toujours présent, de connaître la vérité un jour. "On a retrouvé un équilibre", raconte la mère de la petite fille.

"Mais c'est un faux bonheur, parce que tous les jours, on pense à Marion", complète le père de la fillette. "On se dit 'qu'est-ce qui a pu se passer?' On espère partir en sachant."

"La société fait que vous êtes bien obligés d'aller travailler, d'affronter la réalité", poursuit-il, 26 ans plus tard.

"On a senti tout de suite que c'était grave"

Le 14 novembre 1996, la petite Marion disparaît sur un parcours de 400 mètres entre l'école et son domicile, où elle doit rentrer pour déjeuner. Mais jusqu'au soir, nulle trace de la petite fille. À l'école et chez elle, on se mobilise pour alerter et tenter de la retrouver.

"On a appelé le commissariat, la gendarmerie, l'hôpital, des parents dont les enfants étaient à l'école avec Marion", se rémémore Michel Wagon, le père. "On a senti tout de suite que c'était grave."

Les enquêteurs, eux aussi, travaillent jour et nuit pour trouver des réponses. Mais le temps passe, et les investigations ne donnent rien, au grand désespoir de Roland Courdesses, commissaire de police chargé de l'enquête à l'époque.

"Avant de disparaître, j'aimerais savoir ce qu'il s'est passé", raconte-t-il aujourd'hui, retraité depuis plusieurs années. "C'est le grand mystère de ma vie. C'est une blessure."

Une mobilisation conséquente

S'il salue le travail de la police et de la gendarmerie, Michel Wagon garde une certaine rancœur à l'égard de l'institution judiciaire, notamment contre le premier procureur, qui considèrait que Marion avait fugué.

"Je l'ai en travers de la gorge. Parce que Marion se fait gronder la veille et ne rentre pas à midi, il décide de ne pas mettre tout en place parce qu'il considère que c'est une fugue. Et même si c'est une fugue, il fallait mettre tous les moyens. Le premier responsable, c'est lui", estime-t-il. Il dit s'être senti abandonné par la justice:

"Ce n'est pas une justice humaine. Jamais un magistrat ne m'a passé un coup de fil."

Face aux lacunes de l'enquête, une association s'engage à l'époque à diffuser des affiches en masse comportant la photo de la petite fille afin d'alerter le public et de recueillir des témoignages. Tout le monde se mobilise pour aider les parents et les bénévoles à placarder le visage de Marion sur des panneaux publicitaires. Il s'affiche même sur des millions de packs de lait vendus en grande surface.

Une cellule de recherche est créée spécialement en avril 1997. Au sein de cette "cellule Marion", une quarantaine de gendarmes travaillent d'arrache-pied pour retrouver une trace de la fillette. Pour la première fois, le visage de la petite fille est vieilli numériquement afin de pouvoir se faire une idée de l'apparence qu'elle aurait en grandissant. Cette méthode sera par la suite utilisée dans le cadre de nombreuses autres disparitions d'enfants.

L'enquête est toujours ouverte

En avril 2021, nouveau soubresaut: la juge d'instruction en charge du dossier souhaite comparer l'ADN de Marion avec les empreintes génétiques retrouvées sur un matelas chez le tueur en série Michel Fourniret. Mais là encore, les proches de la disparue font face à une déception: l'ADN de la petite fille est incomplet, rendant impossible la comparaison.

À ce jour, malgré l'absence d'informations supplémentaires, une enquête est toujours en cours à la gendarmerie d'Agen. Et des années plus tard, Michel Wagon et son épouse restent dans l'attente. "Comme tout parent d'enfant qui disparaît, (on aimerait) l'avoir près de nous. Pouvoir se recueillir. Elle nous manque. C'est dur de dire qu'on ne retrouvera pas Marion vivante."

Le documentaire Marion et moi est disponible sur la plateforme France.tv.

Elisa Fernandez