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Trente-trois ans plus tard, la mort du pasteur controversé Joseph Doucé reste un mystère

Le pasteur Joseph Doucé, en 1990.

Le pasteur Joseph Doucé, en 1990. - MICHEL FRISON / AFP

L'homme a disparu en mai 1990. Son corps avait fini par être retrouvé en forêt de Rambouillet, dans les Yvelines, trois mois plus tard.

Par qui Joseph Doucé a-t-il été enlevé? De quoi est-il mort ce soir du 19 juillet 1990? En dehors de ou des auteurs des faits, nul n'a de réponse à cette question à ce jour, alors que 33 ans se sont écoulés. La mort du pasteur controversé fait partie des nombreuses affaires françaises à n'avoir jamais été résolues.

Exclu de l'église baptiste parce qu'homosexuel, soupçonné d'avoir fondé un réseau pédophile qu'il aurait hébergé dans une librairie qu'il avait ouverte à Paris, Joseph Doucé était loin de faire l'unanimité dans son milieu.

À l'époque de sa disparition, il était surveillé de près par des membres des Renseignements généraux car il organisait notamment des réunions pour évoquer des thèmes tels que les minorités sexuelles, comme le rappelle notamment un épisode de l'émission L'Heure du Crime.

Le 19 juillet au soir, deux hommes se rendent au domicile de l'ecclésiastique, un appartement du 17e arrondissement de Paris qu'il partage avec son compagnon, Guy Bondar.

Un trio de policiers trouble

Lorsque Joseph Doucé leur ouvre la porte, ses visiteurs lui demandent de le suivre, comme le racontera aux enquêteurs un ami du pasteur, qui se trouvait dans l'appartement. Sans avoir pu distinguer de qui il s'agissait, celui-ci sera plus tard formel: il s'agissait de policiers.

Joseph Doucé s'exécute. C'est à partir de là que l'on perd sa trace. Une enquête, que l'on sent sensible dès le départ, est finalement ouverte quelques jours plus tard, intriguant les médias. De nombreuses hypothèses et rumeurs circulent alors au sujet du pasteur ou bien des causes de sa disparition.

Les policiers des Renseignements généraux qui avaient été chargés de surveiller l'homme sont entendus par l'IGS, l'ancêtre de l'IGPS, la police des polices. Parmi eux, l'enquêteur Jean-Marc Dufour se voit muté avec deux collègues de travail.

"On a bien senti dès le départ que le trio était bien entendu dans le coup, dans cette affaire", commente l'ex-directeur de la PJ de Paris, Claude Cancès, au micro de L'Heure du crime.

L'hypothèse d'un interrogatoire musclé

Il apparaît que les trois enquêteurs ont utilisé des méthodes peu banales au sein de la police afin de surveiller le pasteur Doucé. Interrogé à ce sujet, Jean-Marc Dufour déclarera qu'il avait eu carte blanche de la part de sa hiérarchie pour mener à bien sa mission. Mais leur rôle dans la disparition reste flou.

Il faudra attendre le mois d'octobre pour que le corps de Joseph Doucé soit retrouvé par un promeneur en forêt de Rambouillet, dans les Yvelines. Si le pasteur présente des traces de strangulation, l'autopsie ne permettra jamais de savoir les causes exactes du décès.

Bien qu'elle n'a encore aujourd'hui jamais pu être démontrée, l'hypothèse privilégiée par les enquêteurs est celle d'un interrogatoire musclé qui aurait mal tourné. Sans certitude sur le scénario, le trio d'enquêteurs est soupçonné d'avoir entraîné le pasteur en forêt et l'aurait torturé afin de le faire parler.

Ils comparaîtront quatre ans plus tard. En appel, les trois policiers seront finalement relaxés, laissant les proches et les acteurs du dossier démunis, sans réponse quant au mystère de la mort de Joseph Doucé.

Elisa Fernandez