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Cold Cases

Près de 24 ans après le meurtre de Vanessa Thiellon, le dossier repris par le pôle "cold cases"

Une affiche diffusée par l'association Christelle en 2006.

Une affiche diffusée par l'association Christelle en 2006. - HO / AFP

La jeune fille de 17 ans avait été retrouvée morte à Mâcon en 1999. Le dossier fait partie des dernières affaires encore non élucidées dans le département de Saône-et-Loire.

C'est une once d'espoir pour les proches de Vanessa Thiellon, dont le meurtre en 1999 n'a jamais été résolu. Après des investigations infructueuses et poussives, le dossier est récemment passé entre les mains du pôle dédié aux crimes sériels et non élucidés de Nanterre.

"C'est l'avocat Didier Seban [spécialisé dans les affaires non résolues, NDLR] qui nous a avertis le 27 juin dernier. C'est une très bonne chose", réagit Marie-Rose Blétry, présidente de l'association Christelle et mère de Christelle Blétry, dont le meurtre a été élucidé près de 20 ans plus tard.

Elle lutte depuis de nombreuses années aux côtés des familles pour que les autres cold cases de Saône-et-Loire aient une chance de connaître à leur tour un dénouement en les confiant aux juges du pôle de Nanterre. Pour que le dossier de Vanessa Thiellon soit repris, "on pensait devoir batailler plus. On est contents."

Son corps retrouvé dans la Saône en 1999

C'est à Mâcon, au sud du département, que Vanessa Thiellon disparaît le 1er juin 1999. L'apprentie cuisinière de 17 ans se volatilise en pleine nuit, après avoir retrouvé son petit ami sur le parking de son immeuble. Sa mère, qui avait l'habitude des fugues de la jeune fille, mettra plusieurs jours à s'adresser à la police.

Le 5 juin, son corps est retrouvé nu, présentant des hématomes, sur les berges de la Saône. Les causes du décès n'ont pas pu être identifiées, malgré l'autopsie pratiquée. Le petit ami de la jeune fille, avec qui elle venait de se disputer, est interrogé, mais n'est rapidement plus soupçonné.

Les enquêteurs semblent penser qu'il s'agit d'un suicide, d'une noyade ou d'une overdose et le dossier est visiblement laissé de côté.

Une affiche diffusée par l'association Christelle en 2006.
Une affiche diffusée par l'association Christelle en 2006. © HO / AFP

Mais sa famille ne croit pas du tout à ces différentes hypothèses. Elle se rapproche alors des membres de l'association Christelle, composée des familles de victimes de crimes non résolus en Saône-et-Loire.

La piste Fourniret ne convainc pas la famille

Sous l'impulsion de l'association, l'enquête reprend tant bien que mal. En 2016, le corps de Vanessa Thiellon est exhumé afin qu'une nouvelle autopsie soit pratiquée. Mais cette nouvelle expertise n'a elle non plus rien donné, au désespoir d'Yvette Thiellon, la mère de la victime.

Noyé sous le flot des affaires quotidiennes que les enquêteurs de Dijon ont à traiter au quotidien, le dossier s'enlise comme beaucoup d'autres.

Parmi les rares pistes criminelles étudiées ces dernières années figure celle du tueur en série Michel Fourniret. Mais l'hypothèse de son implication dans la mort de sa fille, Yvette Thiellon n'y a jamais réellement cru.

"Franchement, Fourniret, je n’y ai jamais pensé. Moi, je pense plutôt à quelqu’un de son entourage même si je n’en suis pas convaincue puisque je n’ai pas de preuve matérielle", a-t-elle confié en 2021 à nos confrères du Journal de Saône-et-Loire.

"Pourquoi un dossier et pas les autres?"

S'il est impossible d'affirmer que la vérité va se manifester à présent qu'un juge du pôle cold cases est sur le dossier, cette reprise envoie un signal positif à tous les membres de l'association Christelle.

Après la reprise du dossier de Nathalie Maire, tuée sur l'aire d'autoroute de Saint-Albin en 1987, et à présent celui de Vanessa Thiellon, ils luttent toujours pour que d'autres affaires, comme les meurtres de Virginie Bluzet à Verdun en 1997 et de Marthe Buisson à Mâcon en 1986, aient la même chance.

"Pourquoi un dossier est accepté, et pas les autres?", s'interroge encore Marie-Rose Blétry. "Il ne se passe rien dans ces dossiers. Notre seul espoir, c'est de les voir partir à Nanterre, avec des juges dédiés, qui ont le temps."

Elisa Fernandez