Itinéraires criminels: Michel Fourniret, mort en emportant ses nombreux secrets

ITINÉRAIRES CRIMINELS (7/8). Le pôle de Nanterre, spécialisé dans les cold cases, étudie le parcours de huit tueurs et violeurs français. Le but: savoir s'ils sont impliqués dans des affaires restées non élucidées.

Il n'y a pas que des dossiers d'affaires non élucidées sur le bureau des juges du pôle de Nanterre. Pour permettre de résoudre ces cold cases, les enquêteurs de ce pôle judiciaire ont décidé de s'intéresser aux parcours criminels de huit tueurs et violeurs français. Ce samedi, RMC Crime revient sur l'itinéraire de Michel Fourniret.

Alors que le tueur en série est mort en détention en 2021 sans avoir révélé tous ses secrets, la reprise de son dossier par le pôle "cold cases" de Nanterre semblait tout indiquée. L'objectif: tenter de déterminer s'il n'a pas pu passer à l'acte dans d'autres affaires jusqu'ici non élucidées.

Une première condamnation à 25 ans

Errements dans les enquêtes, manque de communication entre les différents parquets... Les investigations pour identifier l'un des pires tueurs en série que la France ait jamais connu ont longtemps patiné. Pourtant, dès 1967, l'Ogre des Ardennes connaissait ses premiers démêlés judiciaires. Cette année-là, il est condamné pour une agression sexuelle sur mineure, alors qu'il n'a que 25 ans.

En 1984, il est placé en détention après une série d'agressions et de viols sur mineurs. C'est à sa sortie de prison trois ans plus tard qu'il se marie avec Monique Olivier, avec qui il a commencé à échanger par le biais de lettres lorsqu'il était emprisonné.

De là se forme un duo criminel hors du commun, lié autour d'un mode opératoire bien précis: Michel Fourniret repère ses proies, des jeunes filles qu'il observe sur plusieurs jours, puis son épouse l'aide à leur tendre un piège afin qu'il puisse les violer et les tuer.

Déjà condamnés pour 9 meurtres

Mais cela, les enquêteurs qui recensent des plaintes pour disparitions inquiétantes dans la Marne, dans les Ardennes, près de Nantes et en Belgique, ne le savent pas encore. Faute de rapprocher entre eux ces dossiers très similaires, les différents services enquêtent indépendamment et passent à côté d'indices importants.

Le couple Monique Olivier-Michel Fourniret poursuivra ses crimes jusqu'en juin 2003. C'est Marie-Ascension, une jeune fille de 13 ans, qui mettra finalement fin à leur cavale, en échappant à une tentative d'enlèvement et en conduisant les autorités à retrouver la trace de ses ravisseurs.

Interrogée, Monique Olivier finira accuse alors son compagnon de 9 meurtres. En 2008, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir tué Fabienne Leroy, Isabelle Laville, Jeanne-Marie Desramault, Elisabeth Brichet, Natacha Danais, Céline Saison et Mananya Thumpong. Et 10 ans plus tard, il écope de la même peine pour l'assassinat de Farida Hammiche dans l'affaire du gang des Postiches.

Des questions sur les "années blanches" du couple

Mort en 2021 alors qu'il purgeait sa peine, Michel Fourniret a emporté avec lui plusieurs secrets, notamment la localisation de certains corps. Mais le dossier n'est pas encore clos: en novembre, Monique Olivier sera jugée pour "complicité d'enlèvement" et "complicité de meurtre" pour trois autres affaires.

Parmi les cas qui y seront abordés, l'affaire Estelle Mouzin, disparue à l’âge de 9 ans à Guermantes en 2003 (Michel Fourniret avait avoué son implication en déclarant: "Je reconnais là un être qui n'est plus par ma faute"), mais aussi les meurtres d'Angèle Domèce en 1988 et de Joanna Parrish en 1990.

Face à ce parcours criminel hors norme, les juges d'instruction du pôle de Nanterre s'interrogent sur l'existence de possibles liens entre le couple et d'autres affaires non résolues. À l'étude, notamment, les "années blanches" du duo, entre 1990 et 2000, dates entre lesquelles aucun crime ne leur est connu.

Elisa Fernandez