“Il reste mon fils”: la mère de Jonathann Daval se confie sur son rôle de mère de criminel

Martine Henry, la mère de Jonathann Daval, échange avec l'avocat de son fils, Randall Schwerdorffer, au tribunal de Besançon, dans le Doubs, le 7 décembre 2022 - Sébastien BOZON / AFP
“Jusqu’à quel point une mère est-elle responsable de ses enfants?”. Voici la question que se pose Martine Henry au début de son livre,Moi, maman de Jonathann, qui sort aujourd’hui aux éditions Michalon. Celle qui a donné naissance à Jonathann Daval, devenu l’un des meurtriers les plus célèbres de France, décide de prendre la parole pour donner un autre visage au Jonathann dépeint dans les médias pendant l’affaire.
Celle qui reste une mère, malgré le crime horrible commis par son fils, n’a jamais imaginé lui tourner le dos.
“Je n’ai jamais eu de doute sur mon soutien à Jonathann. Ça ne signifie pas que je cautionne son acte, mais je suis sa maman et il reste mon fils, point, c’est aussi simple que ça”.
S’il y a bien un combat qu’elle s’est imposé aujourd’hui, c’est d’être présente un maximum pour son enfant qui est aujourd’hui derrière les barreaux. “On ne met pas son enfant au monde pour le laisser tomber”.
“Qu’est-ce que j’ai loupé en tant que maman?”
Dans son ouvrage, Martine Henry retrace “l’affaire Daval” de son point de vue de mère qui découvre que son fils est un assassin: “Encore aujourd’hui, c’est difficile pour moi de réaliser, de bien me rendre compte”. Quand Jonathann a été soupçonné du meurtre de sa compagne Alexia, sa mère n’y a pas cru. Pour elle, son fils était innocent et était incapable de tuer qui que ce soit.
“Il faut se mettre à ma place, c’est inconcevable pour une mère de penser que son fils puisse être un meurtrier. Jonathann, si doux, si gentil, que je connais si bien… C’est vertigineux”, confesse-t-elle.
Après trois mois de mensonges, l’homme finit par avouer être l’auteur de ce meurtre. Si au départ, c’est le choc, Martine va rapidement culpabiliser.
“Je me suis remise en question. Qu’est-ce que j’ai fait, pas fait? Qu’est-ce que j’ai loupé en tant que maman?”.
Avec du recul, elle avoue s’être voilée la face: “Aujourd’hui, je pense qu’inconsciemment je m’en doutais, mais je n’ai pas voulu savoir. Je ne lui ai pas laissé de porte ouverte pour sortir de la spirale du mensonge dans laquelle il s’est enfermé pendant trois mois”.
“C’est quelqu’un de bien, qui a commis l’horreur”
Malgré le meurtre atroce commis par Jonathann Daval et ses changements de versions, sa mère affirme que ses proches continuent toujours de le soutenir. “Dans la famille, personne ne lui a tourné le dos”. Martine Henry explique qu’il reste toujours le même aux yeux de son entourage.
“Qui n’aimait pas Jonathann? Le médecin de famille me demande toujours de ses nouvelles. Et dès que je croise quelqu’un, il me demande “Comment va Jonathann?”. Oui, même après tout ça.”.
Pour tous ceux qui l’ont connu, Jonathann reste le même avec ou sans le meurtre d’Alexia. “C’est quelqu’un de bien qui a commis l’horreur. Je ne pensais pas dire ça un jour, je suis maman d’un meurtrier, même formuler de cette façon, c’est étrange”.
La vie de Martine Henry est désormais rythmée par les parloirs. Elle va voir son fils un week-end sur deux en prison et passe deux heures avec lui. Jonathann est actuellement incarcéré avec les plus grands criminels Français tels que Guy Georges, Nordahl Lelandais ou Francis Heaulme, à la maison centrale d’Ensisheim, dans le Haut-Rhin. Sa vision du “criminel” a aujourd'hui changé.
“Je vois l’homme d’une part et l’acte de l’autre”.
Jonathann lui a d’ailleurs confié que Guy Georges était “très sympa”. Pour Martine, son soutien infaillible pour son fils est naturel: “J’estime que je suis une maman normale. Que feraient les autres si elles apprenaient que leur fils a commis un crime?”.
Retrouvez dès ce jeudi 17 novembre le livre Moi, maman de Jonathann de Martine Henry, écrit en collaboration avec la journaliste du Journal du Dimanche, Plana Radenovic, aux éditions Michalon, dans la collection Polars réels.