Faites entrer l'accusé: Edwige Alessandri, condamnée trois fois pour le meurtre de son mari

"Faites entrer l'accusé" arrive sur RMC Story le 12 janvier prochain - FTV
Condamnée à trois reprises pour le meurtre de son mari, elle garde l'espoir d'un procès en révision. Dimanche soir, l'émission "Faites entrer l'accusé" est revenue sur l'affaire Edwige Alessandri, accusée d'avoir tué son époux dans le Vaucluse il y a 23 ans.
À Pernes-les-Fontaines, dans le Vaucluse, en juillet 2000, Edwige Alessandri contacte les secours, en pleurs: des cambrioleurs ont tiré sur son mari, raconte-t-elle. À l'arrivée des pompiers, elle semble tétanisée. Dans la chambre, Richard, son compagnon de 42 ans, a été abattu.
"J'ai été réveillé en pleine nuit. Lorsque je suis sorti de ma chambre, j'ai senti une forte odeur de poudre. C'est là que j'ai compris que quelque chose s'était passé", témoigne Yohann, le fils d'Edwige.
Selon le récit qu'Edwige livre aux secours, deux cambrioleurs sont entrés par effraction chez eux et ont tiré sur son mari avant de s'enfuir. Mais elle ne parvient pas à donner une description précise des deux agresseurs.
Le témoignage de l'épouse peu crédible
Mais quelque chose frappe les enquêteurs: au rez-de-chaussée, dans le salon, rien ne montre que quelqu'un a marché dans le noir. Rien n'a été cassé, ni volé. Les objets de valeur sont toujours en place, bien en évidence. De plus, sur le rebord de la fenêtre par laquelle les cambrioleurs seraient entrés, selon la version d'Edwige Alessandri, de gros pots de fleurs auraient dû empêcher tout passage.
De plus, un élément interpelle les gendarmes: la disposition des pièces laisse à penser que les agresseurs devaient connaître les lieux, puisqu'il fallait passer par la salle de bain pour parvenir à la chambre des époux Alessandri.
Mais l'enquête n'avance pas pour autant. Une cellule de la gendarmerie s'implique à temps plein dans les recherches. Un jeune homme ayant travaillé dans le supermarché de Richard Alessandri sera un temps suspecté, mais les expertises l'innocentent: ce n'est pas lui qui a tiré sur la victime.
Le fils passe aux aveux
La famille Alessandri est alors mise sur écoute. Les enquêteurs apprennent que le couple a fait fortune en unissant leurs forces au travail. Homme et femme d'affaires, Richard et Edwige ont parfois une relation compliquée, et sont souvent au bord de la séparation. Yohann, le fils d'Edwige, se disputait aussi régulièrement avec son beau-père.
De plus, la description de la scène de meurtre qu'a livrée la femme de Richard aux enquêteurs ne correspond pas avec le scénario que parviennent à établir les experts en balistique à propos de la trajectoire du tir. Selon le médecin légiste, le corps a été déplacé.
Edwige et Yohann sont alors placés en garde à vue. Mais Brice, le fils des époux Alessandri, âgé de 12 ans, relate une dispute du couple le soir du meurtre. Confronté à ce témoignage, Yohan déclare finalement que sa mère a tué son beau-père par accident.
Ils auraient donc inventé toute l'histoire du cambriolage pour ne pas être suspecté, avoue-t-il, et que son frère et lui ont tout fait pour maquiller le crime. Edwige Alessandri, elle, nie tout et affirme que son fils est un menteur. Elle reconnaît une dispute, mais pas le meurtre.
Condamnée à trois reprises
Edwige Alessandri est mise en examen. Mais six jours plus tard, coup de théâtre: Yohann revient sur ses propos auprès du juge et innocente sa mère. Il explique avoir été manipulé par les gendarmes pour le pousser à faire de faux aveux. "Des aveux qu'on m'a fait construire avec des éléments que je n'avais pas en ma connaissance mais qui m'ont été donnés pendant la garde à vue", assure-t-il aujourd'hui.
De leur côté, les gendarmes nient avoir usé de telles techniques avec le jeune homme. En se penchant sur la téléphonie du fils, ils remarquent que sa grand-mère et son père ont fait pression sur lui pour qu'il se rétracte.
Les avocats d'Edwige Alessandri vont engager un détective privé, Jean-François Abgrall. Preuves à l'appui, il soutient la thèse du cambriolage. Après plusieurs demandes, la suspecte est libérée sous contrôle judiciaire, en 2002. Très attendu, le 17 janvier 2006, son procès s'ouvre à Avignon.
À l'issue de l'audience, elle écope de 12 ans d'emprisonnement. Elle fera appel, puis ira jusqu'à la cour de Cassation, où elle sera condamnée à 10 ans de réclusion criminelle en 2009. Depuis, elle clame toujours son innocence et demande un procès en révision.
L'épisode de "Faites entrer l'accusé" consacré à Edwige Alessandri est à retrouver sur RMC Story.