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Faites entrer l'accusé: Véronique Courjault, l'affaire des bébés congelés

Jean-Louis Courjault découvre deux bébés dans son congélateur en janvier 2006. S'il affirme n'être au courant de rien, sa femme va finalement révéler l'impensable.

Le 23 janvier 2006, la police sud-coréenne reçoit un coup de téléphone. Jean-Louis Courjault, un Français installé à Séoul pour raisons professionnelles, est sous le choc et demande à ce que des agents se rendent à son domicile au plus vite.

"Il m'explique qu'un de ses amis lui a envoyé un colis de maquereaux et qu'il a voulu les mettre dans son congélateur", déclare le commissaire coréen chargé de cette affaire dans l'épisode de ce dimanche de l'émission "Faites entrer l'accusé". Mais en ouvrant les tiroirs, l'homme tombe sur deux bébés congelés dans un sac plastique.

Faites entrer l'accusé: Véronique Courjault et les bébés congelés

Faites entrer l'accusé: Véronique Courjault et les bébés congelés

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Les corps des nourrissons sont emmenés pour être autopsiés. "On a remarqué qu'il s'agissait de deux garçons et que leurs corps n'avaient pas reçu les soins adaptés à leur naissance", explique le médecin légiste qui a analysé les bébés. "Le cordon ombilical était mal coupé et ils étaient encore recouverts de vernix. Il était donc peu probable qu'ils soient nés à l'hôpital."

Le reste des analyses a permis de confirmer que les bébés étaient nés vivants. Le médecin légiste est alors persuadé que quelqu'un les a volontairement tués. Une enquête criminelle est donc ouverte.

"Ça ne peut pas être elle"

Au moment de la macabre découverte, le reste de la famille Courjault est en vacances en France. Véronique, la femme de Jean-Louis, et leurs deux fils sont auprès de leurs proches. Malgré cette affaire, le père de famille part les retrouver, à 10.000 kilomètres de Séoul. Mais avant, les enquêteurs décident de lui faire un test ADN afin de vérifier que les bébés ne sont pas les siens.

"Tant qu'on avait pas les résultats, il n'était pas un suspect mais un témoin. Si on lui avait interdit de rentrer en France, ça aurait pu avoir des conséquences diplomatiques", explique le procureur de Séoul.

Mais les conclusions de ce test ADN ne vont pas tarder à sortir dans la presse. Depuis son domicile français, Jean-Louis Courjault apprend qu'il est le père de deux bébés. Pour lui, c'est un deuxième coup de massue, car il n'a pas vu sa femme enceinte.

L'enquête s'oriente alors vers Véronique Courjault. Mais les enquêteurs découvrent que trois ans auparavant, elle a subi une hystérectomie - une opération qui consiste à se faire enlever l'utérus et qui empêche d'avoir d'autres enfants.

"Ça ne peut donc pas être elle, sauf si elle a gardé les bébés dans son congélateur depuis plus de trois ans", résume le commissaire.

C'est finalement une comparaison d'ADN qui va confirmer que Jean Louis et Véronique Courjault sont bien les parents des deux bébés retrouvés dans le congélateur.

Pas deux mais trois bébés

Du côté français aussi, une enquête préliminaire est ouverte et les Courjault sont convoqués par la police judiciaire de Tours pour être interrogés. Le père de famille affirme une nouvelle fois qu'ils ne sont pas les parents des bébés retrouvés.

"Nous ne sommes pas les parents des bébés et nous ne comprenons pas les résultats des tests ADN", affirme le couple lors d'une conférence de presse.

Des nouvelles analyses sont donc réalisées en France. Et une nouvelle fois, les résultats sont sans appel. Il s'agit bien des enfants du couple Courjault. Le 10 octobre 2006, le couple est donc placé en garde à vue.

Deux jours plus tard, Véronique décide de passer aux aveux. Elle explique qu'elle est tombée enceinte de jumeaux en 2002 et que c'est elle qui les a tués à leur naissance. Son mari tombe une nouvelle fois de haut. Rapidement, elle revient sur ses déclarations et explique que ce n'était pas des jumeaux mais deux grossesses séparées: une en 2002 et l'autre en 2003.

Interrogé sur le fait qu'il n'était au courant de rien, Jean-Louis Courjault met les enquêteurs sur une nouvelle piste. Il leur explique qu'en 1999, il avait cru déceler une grossesse chez sa femme mais qu'elle lui avait certifié que non. Les policiers interrogent alors Véronique, qui confirme avoir été enceinte à cette époque.

"Elle explique qu'elle a accouché seule, a étranglé (le bébé) et a brûlé son corps dans la cheminée", raconte le commandant de la police judiciaire de Tours.

Véronique Courjault est mise en examen pour assassinat, son mari pour complicité.

Il est venu défendre la "femme qu'il aime"

Après deux ans et demi d'instruction, un non-lieu est prononcé pour Jean-Louis Courjault quand les enquêteurs comprennent que sa femme lui a dissimulé les grossesses et qu'il était régulièrement absent du domicile, ce qui pouvait expliquer qu'il n'ait rien vu. Il annonce ensuite publiquement qu'il compte désormais se consacrer à la défense de sa femme.

Le 9 juin 2009 s'ouvre le procès de Véronique Courjault devant les assises d'Indre-et-Loire. Son mari répète une nouvelle fois devant les journalistes qu'il est là pour défendre "la femme qu'il aime". L'accusée encourt la réclusion à perpétuité. Elle est finalement condamnée à huit ans de prison. Un soulagement pour ses proches, à l'époque venus en nombre pour la soutenir.

Retrouvez les épisodes de l'émission "Faites entrer l'accusé" sur la plateforme RMC BFM Play.

Alix Mancel