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Corps retrouvé aux Buttes-Chaumont: comment un corps inconnu est identifié?

Des parties de corps humains ont été retrouvées ce lundi dans le parc des Buttes-Chaumont. Selon les premières constatations, il s'agit du corps d'une femme. Mais rien n'a encore permis de l'identifier.

Plusieurs parties de corps humain ont été découvertes, ce lundi, dans le parc des Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement de Paris. Parmi ces restes humains, une tête et un bassin ont été retrouvés.

Si les premières constatations ont révélé qu'il s'agissait du corps d'une femme, rien n'a permis pour l'instant de l'identifier de manière précise. Notamment, car personne ne semble s'être encore manifesté pour signaler une disparition qui pourrait correspondre à la victime. Dans ce cas précis, l'identification peut-être plus complexe, comme l'explique Stéphane Malbranque, médecin légiste et expert à la cour d'appel d'Angers à RMC Crime.

"Si aucun proche ne s'est manifesté et qu'elle n'est pas connue des services de police, elle sera difficilement identifiable".

Pour espérer mettre un nom sur la victime, la scène de crime est donc d'une importance cruciale.

Les proches, élément clé de l'identification

Quand un cadavre ou des restes de corps humains sont retrouvés, la première étape est de geler les lieux avec un cordon de sécurité et d'interroger les témoins. Dans certains cas, et notamment en matière criminelle, un médecin légiste peut se rendre sur place. "Tout d'abord pour constater le décès et émettre un certificat, mais également pour dater approximativement la mort et donner l'origine présumée de la mort", explique monsieur Malbranque. A cette étape, le médecin légiste peut déjà orienter les enquêteurs sur les causes de la mort de la victime.

Le cadavre est ensuite transporté à l'Institut médico-légal où plusieurs examens sont pratiqués. "On pratique des radiographies pour relever des éléments suspects, toutes les traces et blessures et également constater la présence de poudre et d'accélérant". L'ADN est également prélevé grâce à une empreinte digitale ou une radiographie des dents.

"On envoie la radio de la mâchoire à la Caisse de l'assurance-maladie pour pouvoir nous donner une identité en fonction des particularités de la dentition", ajoute le médecin légiste.

L'identification se fait ensuite grâce à l'aide des proches de la victime à qui on prélève une goutte de sang pour le comparer avec celui de la victime. Il est également possible de leur demander une photo d'identité afin de la comparer avec les restes de la victime si celle-ci est reconnaissable.

Les traces ADN ne sont pas conservées

Si le cadavre est endommagé, la tâche s'avère plus complexe. "Dans le cas de la femme du parc des Buttes-Chaumont, on a une tête et un bassin donc on peut récupérer de la matière organique pour en extraire son ADN et également estimé une tranche d'âge, une taille et une corpulence, ce qui peut donner une idée de la victime recherchée", explique le médecin légiste.

Si aucun membre de la famille ne se manifeste et que la victime n'est pas connue des services de police, un appel à témoin peut être lancé afin de trouver un proche qui pourrait la reconnaître.

"Une de nos difficultés en France, c'est qu'on a un tas de personnes que l'on retrouve, à qui on récupère l'ADN pour le comparer au FNAEG (Fichier national des empreintes génétiques) et si ça ne match pas, on ne le conserve pas", soulève-t-il.

Une perte immense dans la résolution des cold cases, notamment, et qui souligne l'intérêt de créer une banque d'ADN des personnes disparues selon notre interlocuteur.

Dans le cas de la jeune femme retrouvée dans le 19e arrondissement de Paris, il n'y a qu'à attendre qu'un proche se présente aux enquêteurs pour espérer révéler son identité. "Ou attendre quelques mois que la famille s'inquiète et signale une disparition", ajoute Stéphane Malbranque. En espérant que la trace ADN de la victime n'ait pas été détruite entre temps.

Alix Mancel