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Affaires françaises

Quand les reconstitutions font la lumière sur des affaires criminelles

Le beau-père de Jonathann Daval, Jean-Pierre Fouillot et sa belle-mère Isabelle Fouillot lors de la reconstitution du meutre de leur fille Alexia à Esmoulin en Haute-Saône, le 17 juin 2019

Le beau-père de Jonathann Daval, Jean-Pierre Fouillot et sa belle-mère Isabelle Fouillot lors de la reconstitution du meutre de leur fille Alexia à Esmoulin en Haute-Saône, le 17 juin 2019 - SEBASTIEN BOZON © 2019 AFP

La reconstitution judiciaire peut être une étape clé dans une enquête criminelle. Elle permet de déceler des éléments encore insoupçonnés. RMC Crime revient sur ces fois où elles ont permis de faire avancer l'enquête.

La reconstitution judiciaire est une étape importante dans le déroulé de l'enquête. Ordonnée par le juge d'instruction, elle permet de réunir tous les acteurs d'une affaire criminelle pour tenter de vérifier la véracité des faits. Parfois, elles ne permettent pas d'obtenir la vérité, mais simplement de montrer que certaines déclarations sont impossibles. Dans d'autres cas, elles sont de véritables tremplins vers la vérité.

Celle qui en est l'exemple parfait est la reconstitution du meurtre d'Alexia Daval, le lundi 17 juin 2018. Ce jour-là, Jonathann Daval, qui est mis en examen pour le meurtre de son épouse, est emmené sur les coups de 5 heures du matin, dans sa maison de Gray-la-Ville (Haute-Saône). L'homme se tient aux côtés de ses avocats et, fait plutôt rare, les parties civiles sont également présentes. Jonathann rejoue les actes macabres qu'il a commis dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017 quand il a tué Alexia. Là, les enquêteurs ont pu constater le temps excessivement long avec lequel l'homme a étranglé sa femme.

Puis, c'est dans la forêt où il doit rejouer la crémation du corps d'Alexia que l'émotion va prendre le dessus. Alors que les parents de la victime le supplient de dire la vérité, l'homme tombe à genoux et avoue pour la première fois avoir brûlé le corps de sa femme.

"C'est ce qu'on appelle une reconstitution aboutie", a déclaré Randall Schwerdorffer, son avocat, à France info.

Révélatrice de la violence

La reconstitution judiciaire de l'affaire des "disparues de la gare de Perpignan" a également été révélatrice. Dans cette enquête, Jacques Rançon est accusé d'être le meurtrier de Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez, deux jeunes femmes tuées à coups de couteau dont les seins et leurs organes génitaux ont été amputés.

C'est en voyant Jacques Rançon rejouer la scène pour laquelle il est accusé que les personnes présentes l'ont découvert sous un nouveau jour. D'habitude, l'homme se montrait plutôt mou, effacé, à la limite de l'insignifiance, mais en rejouant le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez, Jacques Rançon s'est montré complètement déchaîné, capable d'une grande violence.

C'est un détail qui va le conduire tout droit en prison. Au moment de la reconstitution de ce meurtre, il précise au juge d'instruction qu'il ne s'agit pas du lieu du crime, mais que l'endroit se trouve à cinq mètres de là.

"Il a reconnu, par cette précision, qu'il était l'assassin", a déclaré Etienne Nicolau, l'avocat des parties civiles dans cette affaire.

Confronté à ses mensonges

La reconstitution a également joué un rôle crucial dans une affaire récente. Actuellement jugé en appel devant les assises de l'Aude, Daniel Malgouyres a été reconnu coupable une première fois d'avoir commandité le cambriolage de sa maison et d'avoir tué l'un des malfrats. Il a été condamné à 18 ans de prison, le 17 décembre 2018, après qu'une reconstitution judiciaire a permis de révéler ses mensonges.

En détention provisoire, l'homme clamait son innocence. Daniel criait au coup monté et affirmait qu'il avait tué un des cambrioleurs dans le cadre de la légitime défense. C'est la reconstitution, réalisée en août 2018, qui a été révélatrice de ses mensonges, notamment sur l'endroit où se trouvait sa femme lors du cambriolage. Il a toujours raconté qu'elle se trouvait à l'étage alors qu'en réalité, elle n'avait pas quitté le rez-de-chaussée. Le verdict de son procès en appel vient d'être rendu. Il a été condamné à 15 ans de prison.

Alix Mancel