Marion Wagon, Estelle Mouzin, Ludovic Janvier... Ces disparitions d'enfants qui ont bouleversé la France

À l'occasion de la Journée internationale des enfants disparus, RMC Crime revient sur ces affaires qui ont tenu en émoi la France entière.

Mathis, Charazed, Yves, Marion... Des prénoms d'enfants disparus que les Français connaissent bien et qui restent, encore des années plus tard, marqués dans les esprits. Car c'est un chiffre qui glace le sang de tous les parents: en France, un enfant disparaît toutes les 12 minutes.

En 2022, 43.202 disparitions de mineurs ont été signalées aux forces de l'ordre, dont 37,9% étaient des mineurs de moins de 15 ans, selon un rapport de 116 000 enfants disparus publié ce jeudi à l'occasion de la Journée internationale des enfants disparus.

Il s'agit en grande partie de signalements de fugues, auxquels s'ajoutent 544 signalements d'enlèvements parentaux et 1140 signalements de disparitions inquiétantes - là aussi, "souvent (des) fugues requalifiées (...) après plusieurs mois d’errance", précise le rapport.

Parmi les appels reçus et traités au 116 000, 295 étaient encore ouverts et non résolus à la fin de l'année dernière. RMC Crime revient sur quelques unes des affaires de disparitions d'enfants qui ont bouleversé la France.

• Mathis Jouanneau, disparu en 2011 à Caen

Mathis Jouanneau, disparu à 8 ans en juin 2011. © AFP

C'est le 4 septembre 2011, à Caen (Normandie), que Nathalie Barré signale à la police la disparition de son petit garçon de huit ans, prénommé Mathis. Elle avait confié son fils à son père, Sylvain Jouanneau, pour le week-end.

Dans les semaines qui suivent, le père de Mathis est vu à plusieurs reprises par des témoins, mais jamais en compagnie de l'enfant. Arrêté trois mois plus tard pour enlèvement et séquestration, il reste très énigmatique sur ce qu'est devenu son fils. La seule information qu'il transmet est qu'il aurait confié Mathis à des personnes vivant à l'étranger.

Il est finalement condamné en 2015 à 20 ans de prison. Aujourd'hui encore, Nathalie remue ciel et terre pour retrouver son fils, et vient même d'entamer des recherches privées mettant en cause un dysfonctionnement de la justice dans ce dossier.

• Charazed Bendouiou, disparue en 1987 à Bourgoin-Jallieu

Le 8 juillet 1987, la petite Charazed, 10 ans, disparaît au pied de son immeuble après avoir été vider les poubelles, à Bourgoin-Jallieu (Isère). Dès le départ, les investigations sont difficiles et la famille de la petite fille est perdue face au monde judiciaire qu'elle ne connaît pas. Faute d'éléments, le dossier est finalement classé au bout de deux ans d'enquête. Une aberration pour sa sœur, Ferrouze, qui n'a pas été tenue au courant.

Après s'être battue pour que la justice rouvre le dossier, elle a réussi à être reçue par un juge d'instruction douze ans plus tard. Désormais, c'est le pôle de Nanterre, spécialisé dans les cold cases, qui s'en occupe.

• Yves Bert, disparu en 1977 à Lyon

Yves Bert, 6 ans, s'est évaporé le 3 février 1977, alors qu'il devait rejoindre son frère en sortant de l'école, à Lyon. Il s'agit-là d'un des plus vieux cold cases français. Quand sa mère s'est rendu compte de son absence, elle a immédiatement alerté l'école qui a été fouillée de fond en comble.

Au départ, les policiers pensent qu'il s'agit d'une fugue. Mais sa mère en est persuadée, quelqu'un a enlevé son fils. Dix mois plus tard, ses parents reçoivent une lettre qui va les chambouler. Ce courrier déclare qu'Yves est vivant et en bonne santé. Le plus troublant, c'est que la personne donne des détails très personnels qui pourraient accréditer ce scénario. Pourtant, rien ne permettra de le retrouver ni même de suivre une piste de recherches.

• Marion Wagon, disparue en 1996 à Agen

Marion Wagon, disparue le 14 novembre 1996 à Agen. © AFP

Le 14 novembre 1996, à Agen (Lot-et-Garonne), Marion Wagon alors âgée de 10 ans disparaît sur le chemin de l'école. Ses parents ont tout de suite signalé son absence inquiétante et des fouilles ont été menées rapidement. Mais, rien n'a jamais permis de retrouver la petite fille.

Depuis l'ouverture du pôle de Nanterre, le dossier de Marion a été repris et la piste de Michel Fourniret est étudiée. Si ces nouvelles investigations soulagent ses parents, un élément les a mis hors d'eux. Dernièrement, ils ont été contactés par les enquêteurs qui leur ont demandé de leur fournir des affaires de Marion, car l'ADN de la fillette était absent du dossier.

• Ludovic Janvier, disparu en 1983 dans l'Isère

Ludovic Janvier au moment de sa disparition © AFP

Le frère de Ludovic Janvier ne pourra jamais oublier le soir du 17 mars 1983. Leur a demandé d'aller lui acheter un paquet de cigarettes au bureau de tabac du coin, à Saint-Martin-d'Hères (Isère). Sur le chemin du retour, ils sont interpellés par un homme qui leur explique avoir perdu son chien. Il leur demande de l'aider en échange d'un paquet de bonbons et leur conseille de se séparer en deux groupes. Malheureusement pour le petit Ludovic, c'est lui qui partira avec l'individu.

Plus rien n'a permis de retrouver la trace du petit garçon de six ans et un premier non-lieu est prononcé en 1988. Le dossier sera laissé de côté jusqu'à la création de la cellule d'enquête "Mineurs 38" qui décide de le rouvrir. Sauf qu'à ce moment-là, les scellés sont introuvables. En 2014, un autre non-lieu est prononcé. Depuis 2022, le pôle de Nanterre a repris le dossier et compte bien faire la lumière sur sa disparition.

• Habib Nedder, disparu en 2014 à Toulouse

Il avait seulement 13 mois quand Habib Nedder a disparu le 19 janvier 2014, à Toulouse. Le petit garçon devait passer le week-end chez son père mais ce dernier ne l'a jamais ramené. Trois mois plus tard, l'homme est finalement retrouvé mort, décapité, dans une rivière d'Ariège. Mais le garçon est introuvable.

Sa mère continue ses recherches pour le retrouver et garde l'espoir que son ex-compagnon l'ait confié à des proches en Algérie avant sa mort. L'été dernier, des fouilles ont été réalisées dans l'Ariège pour tenter de le retrouver, mais elles n'ont rien donné.

• Estelle Mouzin, disparue en 2003

Estelle Mouzin avait disparu en janvier 2003, à 9 ans. - Capture BFMTV © -

C'est une des affaires françaises les plus médiatisées. Le 9 octobre 2003, la petite Estelle, 9 ans, disparaît sur le chemin de l'école à Guermantes (Seine-et-Marne). Dès le départ, un important dispositif est déployé. Une perquisition est même organisée dans les 350 maisons de la commune. Mais rien ne permet de retrouver sa trace.

Il faudra attendre le 6 mars 2020 pour que le tueur en série Michel Fourniret avoue être l'auteur du meurtre de la fillette. Des traces ADN retrouvées sur un matelas dans son ancienne maison permettent de vérifier ses aveux. Si l'homme est mort avant d'être jugé pour ces faits, sa femme et complice, Monique Olivier, comparaîtra en novembre prochain. Le corps de la fillette reste introuvable.

Le 116 000 Enfants Disparus est le numéro d'urgence européen gratuit et accessible 24h/24 et 7 jours sur 7 qui a pour mission d'écouter et soutenir les familles d'enfants disparus. Géré par la fondation Droit d'enfance, il intervient dans le cadre de fugues, d'enlèvements parentaux en France ou à l'étranger, de disparitions inquiétantes de mineurs et de jeunes majeurs de moins de 25 ans.

Alix Mancel