Le parcours criminel du couple Fourniret-Olivier ne semble pas avoir livré tous ses secrets. Dès ce mardi, Monique Olivier, l'ex-compagne du tueur en série Michel Fourniret, va être jugée devant les assises de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour son implication dans les meurtres d'Estelle Mouzin, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce. Mais, il semblerait qu'elle n'ait pas encore dit toute la vérité sur les crimes commis par son ancien mari, parfois avec sa complicité.
Jusqu'à présent, 11 meurtres leur ont été imputés. Désormais, ce sont les années 90, aussi appelées la "période blanche" du couple, qui restent encore un mystère. Cette décennie où aucun meurtre ne leur est connu va notamment être au coeur de ce procès. Selon Didier Seban, l'avocat du père d'Estelle Mouzin, le procès de Monique Olivier va "viser à retranscrir l'histoire de ce couple criminel".
"On peut raisonnablement penser que d'autres meurtres ont été commis par le couple", confie-t-il auprès d'RMC Crime.
Des dossiers réétudiés
Déjà condamné pour sept meurtres, Michel Fourniret avait avoué trois nouveaux meurtres juste avant sa mort. Mais les enquêteurs du pôle de Nanterre, qui s'occupent de réétudier les affaires non élucidées, sont persuadés que le couple peut être impliqué dans d'autres dossiers. Et notamment concernant ces quatre affaires:
Celui qui est surnommé "l'ogre des Ardennes" aurait avoué son meurtre à demi-mot. Cette jeune femme de 29 ans avait disparu en 1993, à Saint-Christophe-le-Jajolet (Orne), et son corps n'avait jamais été retrouvé. Après des années d'enquête infructueuses, c'est finalement en 2016 que l'analyse de l'ADN de parentèle a permis d'avoir un début de piste. Parmi les empreintes génétiques retrouvées sur les scellés appartenant à Michel Fourniret, un code génétique similaire à celui de la mère de la jeune femme avait été retrouvé.
Depuis décembre dernier, le pôle dédié aux crimes sériels et non élucidés de Nanterre a accepté de réétudier ce dossier. Cette femme de 40 ans avait été retrouvée morte, calcinée dans sa voiture, le 22 septembre 1994, au Guilvinec dans le Finistère. Depuis, son meurtrier n'a jamais été identifié. Si aujourd'hui, des soupçons pèsent sur le couple Fourniret-Olivier, c'est parce qu'il a été prouvé qu'il s'était rendu à plusieurs reprises en Bretagne au moment des faits, notamment pour se rendre dans leur maison de vacances située à Perros-Guirec (Côtes-d'Armor). Les nouvelles investigations privilégient également la piste du tueur en série, ce qui pourrait corroborer cette hypothèse.
Depuis le 3 novembre 1999, personne ne sait ce qui est arrivé à cette aide-soignante de 35 ans. Alors qu'elle rentrait chez elle après une journée de travail, elle s'est volatilisée. Sa voiture a été retrouvée le lendemain de sa disparition, par un chasseur, dans les Landes. Mais depuis, l'enquête piétine. Récemment, la piste de Michel Fourniret a été étudiée par les enquêteurs. Au moment où "l'ogre des Ardennes" avouait une série de meurtres, le pôle de Nanterre a décidé de réétudier 21 dossiers non élucidés, dont celui de l'aide-soignante, dans le but de trouver un profil similaire parmi ses précédentes victimes.
- Florence Bloise
Elle a disparu le 1er février 2003 à l'âge de 38 ans, et rien n'a jamais permis de comprendre ce qui lui était arrivé. La dernière fois qu'elle a été aperçue vivante, c'était à Magny-les-Hameaux (Yvelines). Une enquête pour "disparition inquiétante" avait alors été ouverte, mais celle-ci n'avait jamais rien donné. L'affaire avait été classée en 2004, mais c'est en 2010 qu'elle avait pris un autre tournant. La piste de Michel Fourniret avait été avancée par ses proches après qu'ils ont découvert que l'homme se trouvait dans la même région au moment de sa disparition.
"On ne peut pas attendre grand-chose d'elle"
Avec la mort de Michel Fourniret, tous les espoirs d'obtenir la vérité reposent maintenant sur Monique Olivier. Après deux premiers procès, à Charleville-Mézières et à Versailles, où elle s'est montrée très silencieuse, Didier Seban espère que ce nouveau procès sera différent et que l'absence de Michel Fourniret pourra libérer sa parole.
"C'est vrai que ça va être le troisième procès, mais cette fois-ci, sans Fourniret. On peut espérer d'autres avancées, notamment dans les dossiers Logé et Bloise", avance l'avocat.
C'est surtout un moment important pour le pôle de Nanterre, et plus particulièrement pour la juge d'instruction Sabine Khéris, qui y voit une chance d'obtenir des informations cruciales. "Je suis certain que tous les propos de Monique Olivier vont être décortiqués par Sabine Khéris, j'ai une grande confiance en ça. Le pôle de Nanterre ne laissera pas passer certaines informations qu'elle aurait pu donner (au sujet d'autres affaires éventuelles)", confiait le père d'Estelle Mouzin lors d'une conférence de presse en octobre.
Malgré ces espoirs, Didier Seban connaît le profil particulier de Monique Olivier et sait qu'elle peut faire le choix de se murer dans le silence. "On ne peut pas attendre grand-chose d'elle, car elle avance à deux à l'heure. Mais on se prépare à lui poser quelques questions un peu rudes pour en tirer quelque chose".
Le procès qui s'ouvrira ce mardi devrait marquer un point final aux enquêtes autour des meurtres d'Estelle Mouzin, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce, mais il pourrait aussi relancer d'autres affaires. C'est en tout cas ce qu'espèrent les parties civiles: que d'autres enquêtes soient menées après ce procès.